WORD/MOT

Les yeux entrouverts sous le noir bandeau

Somnambule du jour, triste licol

Ignorant sous l’eau ses propres cordeaux

Hameçons vides rouillant le présent

Les yeux fermés sur le clair précipice

Veilleur des folies, mystères d’hier

Hissant à flots la belle Catharsis

Noyant du vrai, sirènes et mensonges

Sur tes épaules Mars

Convie l’armée ailée 

Candides amazones

Jeunes guerriers sans plis

Camouflage d’aisance

Aux langues aiguisées !

Pour que le feu sagace

Embrase nos flambeaux

Le Beau, le Bien, le Vrai

Chanté sur tous les fronts

Eponge du monde aux confins

De cendres gorgée

Du laid de la mamelle vile

Ton feu se nourrit

Baignant la boue de tes larmes

Pour en saisir l’or

Tu tends un bras vers l’autre rive

Qu’un vide refoule

Sculpte la souffrance éternelle

Dans l’esprit du temps

Ecris la beauté qui fascine

Atteignant les cœurs

Que ton art unisse les plaies

En un pont céleste

Hisse le monde à tes fenêtres

Fragile colosse !

Amie proche et fidèle

Qui du ventre au tombeau escorte le frileux

Mère de Liberté, compagne de Pensée

Défie le carnaval !

Nos clefs se reflètent sur ses murs forteresses

Seul un miroir penché voit la voisine flamme

Ainsi seuls en tandem

Ah cette âme bleuet qu’une caresse froisse !

Ces doigts qui l’effeuillent, tendre domination

Sur sa corolle bleue voient pousser des épines

Chimères naissantes à l’écorce façonnée

La toile s’épanche soit s’imprègne aux iris

Sous ses joues coule sourd ce placide magma

 

Faire à dos d’étoiles pérégrination

Ou trouver le berger sous sa propre cuirasse

Cueillir les présages de vies envisagées

Telle rose à piquer au revers des rétines

Burin de chair et d’os sculptant l’être en amas

Élague et allonge, que le génie surgisse.